Le capitaine Alphonse MAGNIEZ est né en 1862 à Saint-Omer. Conscrit en 1883, il s’engage dans l’armée à l’issue de son service militaire, puis il accède à l’épaulette en 1891 par son passage à l’école de Saint-Maixent, dont il sort 11e sur 395. Cela lui permet de choisir le 8e RI, dans sa ville natale, qu’il ne quittera plus. Il devient capitaine en 1903. Son nom est associé aux difficultés morales et les problèmes rencontrés par l’armée lors des inventaires de l’église lors de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat… et notamment à Saint Jans Cappel.
Son képi est exposé dans l’église de Saint Jans Cappel et une rue porte son nom.
L'affaire
La loi de séparation des Eglises et de l’Etat est instituée en 1905, c’est-à-dire que l’Etat cesse de reconnaître, salarier et de subventionner les cultes. Elle est considérée comme la dernière étape du long processus de laïcisation et de sécularisation engagé à la Révolution. La loi prévoit la création d’associations cultuelles pour survenir aux frais, à l’entretien et à l’exercice public d’un culte.
Avant de confier les biens des Églises aux associations cultuelles, la loi a prévu un inventaire des dits biens.Dans beaucoup de communes, dans presque toute la Flandre, les paroissiens fermèrent les portes de l’église et se barricadèrent pour montrer leur opposition à la loi et pour empêcher les agents du fisc de procéder à l'inventaire. La police locale était alors chargée de protéger l’agent gouvernemental et de crocheter la porte de l’église.
A Saint Jans Cappel, l’inventaire de l’église a lieu le 20 novembre 1906. Les paroissiens avertis ferment la porte de l’église et s’enferment dans l’édifice en barricadant l’intérieur.
En arrivant à Saint Jans Cappel, le cortège composé du percepteur et du 8e régiment d'infanterie, en garnison à Saint Omer, trouve la porte de l'église fermée. Monsieur BARBIER, curé de la paroisse et les membres du conseil paroissial leur barrent la route et protestent.
Les sommations légales et le tambour retentissent mais la porte ne s’ouvre pas. L’agent du fisc demande alors aux ouvriers de crocheter la porte. Ils refusent. L’agent somme alors le capitaine MAGNIEZ, qui commande les troupes d’enfoncer la porte.
Le capitaine Magniez, fervent chrétien se refuse de faire avancer ses hommes pour participer à l’effraction des portes : « Ma conscience me défend d’accomplir un acte que je considère comme impie. Mes soldats sont ici pour maintenir l’ordre et non pour fracturer les portes d’église. »
Un colonel de régiment resté à Bailleul sera dépêché pour venir crocheter les portes et pour que l’agent du fisc puisse prendre note des objets cultuels.
Le capitaine MAGNIEZ fut arrêté, mis au arrêt, traduit devant le Conseil de Guerre, dégradé et destitué. Son geste est depuis magnifié par les catholiques des Flandres.
Ses ouvrages polémistes
Il ne faut cependant pas omettre la part d'ombre du Capitaine MAGNIEZ révélée par ses différents livres polémistes. Ouvrages dans lesquels, il va s’efforcer de réfuter tous les arguments antireligieux ; de contredire toutes les objections classiques des non-catholiques ; dénoncer un complot maçonnique dans l'élaboration de la Loi de séparation des Eglises et de l'Etat ; user de mots vindicatifs en prônant l'anti protestantisme.